Interview – Maël Nivinou

Le traileur de Pont Scorff est devenu l’un d’un des meilleurs ultra-traileurs bretons. Un beau palmarès déjà avec un titre de champion de Bretagne d’ultra-trail, une 5e place sur le grand raid des Pyrénéen en aout 2024 et plus récemment un top 5 sur l’ultra TKB.  Une carrière de cyclisme a forgé le caractère de Maël Nivinou et peaufiné son endurance naturelle. En « mode plaisir » sur les courses auxquelles il participe, comme il aime à le dire. Mais qu’on ne s’y trompe pas : Maël ne vient pas pour cueillir des champignons sur le Trail TKAL. Partons à sa rencontre !

Comment décrirais-tu ton parcours en quelques mots ?

Je viens du cyclisme que j’ai pratiqué durant 17 ans et où j’ai pu m’illustrer au niveau international grâce à mes sélections en équipe de France de La Défense. Toujours grand passionné mais un peu lassé de ce sport qui demande énormément de temps niveau entraînements, je me suis dirigé vers le trail en 2018 en commençant par de petites distances dans notre région. Maintenant on me connaît pour ma folie d’enchaîner les trails et notamment les ultras que j’affectionne particulièrement.

Quel a été le déclic pour te lancer dans le trail, et qu’est-ce qui continue de te motiver aujourd’hui ?

Depuis des années j’entendais parler d’une course à la réunion réputée pour être une des plus dure au monde « La diagonale des fous » Je regardais à chaque fois le départ à la tv, c’était sur France O à l’époque. La magie de cette course avec son départ et ces milliers de personnes aux bords des routes me faisait rêver. Alors pourquoi pas essayer ?
Ce qui me motive c’est de partager ce sport avec ma famille. Ma femme Elodie est mon assistante de toujours et sans elle c’est compliqué pour moi d’aller performer sur les ultras. J’ai deux filles de 7 et 2ans, elles m’accompagnent de temps en temps et quelle joie de savoir qu’elles t’attendent à l’arrivée juste pour passer la ligne avec toi. Je pense que beaucoup de coureurs se reconnaissent dans ça, à se battre peu importe la distance juste pour ce moment.

Si tu devais choisir un moment clé de ta carrière, lequel serait-ce et pourquoi ?

Ma victoire sur le Bretagne Ultra Trail 112km en 2023. Je gagne cet ultra chez moi, sur mes parcours d’entraînement. Cette victoire m’a donné confiance sur mes capacités et ma tactique de course.

Tes victoires, les meilleurs moments sportifs ?

Des victoires y’en à pas mal depuis 2ans 😅 environs 10/12 par saison. Ma plus belle reste comme cité auparavant le BUT mais je suis content de ma victoire au général du Challenge Armor Argoat 2024 et de ma victoire sur le trail des animaux de lumières 2024 chez moi à Pont-Scorff.
Mes 3 participations à La Diagonale des Fous restent mes meilleurs souvenirs. ( Sauf la 1ere peut être car je me suis blessé et j’ai mis 50h à la finir 😆)

Une course qui t’attire mais que tu n’as jamais faite et pourquoi ?

Quel est le défi ou le rêve ultime qui te pousse à continuer de progresser ?

Le marathon des sables à l’air sympa à faire et c’est totalement différent de l’ultra que l’on connaît. C’est par étapes sur une semaine en mode bivouac.
Mon rêve ultime était la réunion 🇷🇪 maintenant je cherche à faire une performance dessus😅

Pour toi, l’esprit trail, c’est quoi ?

Des copains, une bonne mentalité sans prise de tête et une bonne bière à la fin🍻 C’est ce que je retrouve aux Foulées de Cléguer ou au Team Sangliers An Oriant.

Qu’est-ce qui t’attire dans le trail TKAL et qu’attends-tu de cette expérience ?

Sur le TKAL il y a un sacré ratio km/D+ mine de rien. C’est un trail que je ne connais pas et il y a pas mal de bons coureurs à chaque édition. Il y a moyen d’avoir une belle bagarre pour cette année. Stéphane Briot, le président du TKAL m’envoie souvent un petit message pour me féliciter de mes résultats et depuis 2/3ans il me dit que si je viens taquiner les sentiers du TKAL je ne le regretterai pas. Alors pour 2025 je vais venir voir ça et j’espère bien trinquer à l’arrivée avec lui🍻.

Peux-tu nous parler de ta routine d’entraînement ? Comment prépares-tu tes grandes échéances ?

Alors moi je m’entraîne quand je peux car avec mon métier de gendarme et la vie de famille c’est assez compliqué parfois. Généralement je me prépare en m’inscrivant sur des trails le dimanche matin après ma nuit de travail histoire de garder la forme. Ça pique un peu après une nuit blanche mais tant que je peux j’en profite 😉.

Comment gères-tu les moments difficiles, que ce soit pendant une course ou dans ta carrière de sportif ?

Tout se passe dans la tête, c’est un moteur puissant et il ne faut pas qu’il lâche. Garder l’esprit clair et être bien dans sa tête. Avec ça, on fait des miracles.

En tant que traileur, quelle importance attaches-tu à la nature et à la préservation des paysages où tu cours ?

Nos sentiers et notre nature c’est notre espace de jeu. Quand je m’entraîne je ramasse toujours si je trouve un papier ou autre. Dans l’ensemble, le traileur est assez respectueux mine de rien.

Y a-t-il des figures (athlètes, proches, etc.) ou des événements qui t’ont inspiré dans ta carrière ?

Pas spécialement mais j’observe beaucoup et au début je demandais pas mal de conseils. Si on parle de nos coureurs du coin, des gars comme Sylvain Morin, JM Diverrez, Jérôme Lucas, Gwenaël Le Boulch, Gilles Diehl sont des mecs dont j’ai un grand respect et restent des références pour moi.

Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer dans le trail ?

De prendre du plaisir avant tout peu importe la distance. C’est la base du sport.

As-tu des astuces ou des habitudes particulières pour la récupération ou l’alimentation ?

Oh la la!! Je crois que je suis le pire exemple. Avant une course c’est burger bières et après la course c’est pizza bières et p’tit rhum vieux devant la TV 😆 Je ne me prive de rien. J’ai assez mangé de pâte pendant mes années vélo.

Peux-tu partager une anecdote insolite ou un souvenir mémorable vécu pendant une course ?

Désolé je vais encore parler de la Diagonale😅 mais en 2023 j’ai eu la chance d’être placé en 2e ligne avec les élites. Une fois le départ donné, je me suis retrouvé parmi les 8 coureurs de tête jusqu’au 10e km environ où j’ai décidé de ralentir car l’allure était bien trop rapide pour tenir encore 150km. C’était juste énorme de me faire se kiffe et d’être devant avec D’Haene, Tschumi, Grangier, Casquette verte, Dunand Pallaz, Santelli… et tout ça devant les caméras TV.
Je me suis arrêté au 4e/5e km pour faire un bisou à ma femme qui était au bord de la route. Je vois encore sa tête toute étonnée, qui ne comprenait plus rien et me dire « Bordel!! mais qu’est que tu fais là, ça va pas la tête »
Je lui ai juste répondu « T’as vu j’ai fais le départ à côté du grand François, je me fais un gros kiffe mais t’inquiète pas je vais ralentir 😁 »
Quand je l’ai retrouvé au ravito de Notre Dame de la Paix au 28e km, j’ai quand même ramassé une petite soufflante 😅